Pourquoi les parents d'élèves manifestent-ils ?
Si les parents d'élèves ont manifesté deux fois déjà devant la mairie dimanche 3 octobre et dimanche 10 octobre ce n'est pas sans raisons. Pour bien comprendre la situation, quelques explications…Il faut savoir que le temps de restauration scolaire est un temps géré par la mairie et non par l'éducation nationale. Il y a deux types de personnels :
Un directeur d'école peut (ce n’est pas du tout une obligation) être directeur de la cantine sur ce temps-là. Il est alors rémunéré par la mairie.
Il y a ensuite les animateurs qui accompagne et surveille les enfants sur le temps de restauration et qui font partie du personnel de la mairie. Ils sont donc payés par la mairie selon les grilles de la fonction publique territoriale (catégorie C).
Depuis la rentrée, et dans de nombreuses écoles de la ville, les parents ont constaté que le nombre d'animateurs sur le temps de restauration scolaire n'était pas suffisant. C'est d'abord à travers les mots des enfants que les parents ont été alertés : " j'ai pas eu le temps de manger ", "on m'a retiré mon assiette et j'avais pas encore fini" ou encore des récits plus inquiétants comme " Paul* a tapé Pierre* avec son couteau et il n'y avait pas de grands". A la suite de nombreux récits de ce type, les représentants des parents d'élèves sont allés se renseigner et ont découvert qu'en effet le nombre d'animateurs pour encadrer la cantine était totalement insuffisant.
Par exemple, un adulte s’est retrouvé à gérer 160 enfants à l'école Paul Serelle, et, à l’école Jules Ferry, le directeur de cantine (qui se trouve être aussi le directeur de l'école) s'est retrouvé seul avec environ 200 enfants. Quand il a découvert qu'il n'y avait aucun animateur, ce sont les enseignants qui ont dû assurer le service à la dernière minute et sans que ce soit dans leur mission, car il était trop tard pour que les parents soient prévenus et viennent chercher leur enfant. Merci à cette équipe ! Cette pénurie d'animateurs touche certaines écoles de façon chronique et d'autres de façons ponctuelles. Un jour ou l'autre vos enfants seront concernés. Tous ces dysfonctionnements font que les animateurs ont fait grève plusieurs fois depuis septembre pour dénoncer leurs conditions de travail et leur rémunération.
Nous avons donc mené notre enquête…
En creusant un peu la question, nous nous sommes aperçus qu'il n'y avait aucune règle en matière d'encadrement du temps de restauration par le service de la Jeunesse et Sport, alors que pour toutes autres activités, c'est précis et encadré.
En cherchant un peu plus nous avons trouvé un document de la ville qui stipule qu'il est prévu un animateur pour 10 en maternelle et un animateur pour 35 en élémentaire lors du temps de restauration. Visiblement, ce chiffre a été modifié en 2019 par la ville, sans aucune concertation avec les fédérations de parents, ni sans aucune communication auprès des habitants de la ville. La crise du Covid n'a pas permis de se rendre compte immédiatement de l'impact de ce changement.
Extrait du règlement de Noisy-le-Grand
La FCPE dénonce ce chiffre de 1 pour 35 qui est tout à fait insuffisant. Pour exemple, dans l’accueil périscolaire (source service-public.fr), l'effectif minimum des personnes exerçant des fonctions d'animation pour les enfants de plus de 6 ans est fixé à l'une des limites suivantes : 1 animateur pour 12 enfants lorsque la durée de l'accueil de loisirs dépasse 5 heures consécutives et 1 animateur pour 14 enfants lorsqu'elle ne dépasse pas 5 heures consécutives. Tandis que pour les enfants de moins de 6 ans, 1 animateur pour 8 enfants quand la durée de l'accueil de loisirs excède 5 heures consécutives et 1 animateur pour 10 enfants quand elle n'excède pas 5 heures consécutives.
Il est donc impensable que la sécurité des enfants avec un animateur pour 35 enfants soit optimale. La FCPE de Noisy estime qu'un pour 22 serait plus adapté. En effet, en cas d’absence d’un 1 animateur, dans une cantine qui fait manger 200 enfants, les animateurs restants vont très vite avoir à gérer 40 ou 50 enfants en même temps. Dans ces conditions la sécurité des enfants n'est plus assurée. Voilà pourquoi les parents d'élèves manifestent bruyamment le dimanche devant la mairie.
Que répond la mairie ?
Depuis la rentrée plusieurs représentants des parents d'élèves ont alerté la mairie par courrier, mails et appels.
La mairie a répondu :
que la préfecture trainait à envoyer les extraits de casiers judiciaires, ce qui s'avère complètement faux. Nous avons contacté la préfecture qui nous a confirmé que ce n'était pas de leurs prérogatives.
qu'elle avait du mal à recruter et à fidéliser les nouvelles recrues. La mairie propose des contrats de 6h20 par semaine, sur le salaire le plus bas de la fonction publique, en faisant payer le repas aux animateurs, sans aucune prime ni aucune pérennité... Autant dire que l'attractivité n'est pas au rendez-vous.
qu'elle est en train de recruter ! Comment se fait-il qu'elle attende septembre pour se mettre à recruter ? Ne prépare-t-on pas la rentrée dès le mois de juillet ?
Mme le maire a répondu en conseil municipal qu’il y avait actuellement un animateur pour 23 élèves et qu'il ne manque que "14 animateurs". Entre ce qui est dit en conseil municipal et la réalité du terrain, il y a étonnamment un gouffre : A l’école du clos d’Ambert, avant il y avait 18 animateurs et aujourd‘hui il en reste 8...
Et ce n’est pas mieux quand la mairie décide de déléguer entièrement la restauration à son prestataire Elior sur les nouvelles écoles car c’est le cas des écoles Wallis et Simone Veil. Le recrutement et le management des animateurs est tout aussi compliqué et mal géré : il manque des animateurs. Externaliser le recrutement ne semble donc pas être une solution « miracle » que la mairie tente de nous faire croire petit à petit au moment même du renouvellement de la DSP cantine.
A l'heure où les parents attendent autre chose de la restauration scolaire (voir l'article sur la restauration scolaire, ici), la mairie ne va même pas saisir l'opportunité de travailler sur ce moment-là pour envisager d'autres solutions qui pourraient être aussi la solution au problème des animateurs. Où est passée la ville capable d'innover et de prendre soin de sa jeunesse ?
Depuis les manifestations, la mairie a convié les différentes associations de parents d'élèves à une réunion en distanciel le 19 octobre 2021. La FCPE n'attend pas grand-chose de ce rendez-vous car si nous sommes force de proposition, la mairie n’apporte, elle, aucune proposition qui va dans le sens du bien-être de nos enfants sur le temps de la cantine.
Alors, rendez-vous à la rentrée !
Liste de nos demandes concernant la restauration scolaire :
• être associés aux réflexions sur une remunicipalisation de la cuisine centrale ou à la rédaction de la prochaine délégation de service public
• suppression des barquettes en plastique sans attendre 2025
• généralisation de toutes les solutions permettant de lutter contre le gaspillage et avoir une baisse des tarifs : adaptation des quantités à l’âge et la faim des enfants (pas de reprise dans la DSP de la partie facultative du GEMRCN, assiettes petite faim/grosse faim, tables à troc), partenariat avec des associations pour remise des produits non consommés, animateurs en nombre suffisants et fin des selfs, tri systématique des déchets,
• augmentation significative de la part des produits bio et locaux
• généralisation de l’alternative sans viande
• mise en place d’une légumerie dans la cuisine centrale pour améliorer la qualité gustative des légumes
• mise à disposition des fiches techniques des plats
• mise en place d’un collège de parents et enfants noiséens pour goûter les plats avant inscription aux menus
• extension des restaurants scolaires pour permettre aux enfants de disposer d’un temps suffisant pour manger
• mesures régulières du bruit dans les réfectoires et plans d’action pour équiper toutes les cantines de mobilier anti-bruit
• pour les enfants en PAI, réduction du prix à due proportion de la part des denrées dans le coût de revient du repas
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